Le trafic entrant en hydrocarbures couvre les besoins de consommation régionale. Il est passé de 1,15 MT en 2007 à 0,98 MT en 2015, anticipant les évolutions futures de consommation régionale qui devraient suivre le mouvement national de réduction de la part du pétrole dans notre mix énergétique consommé. En effet la demande de pétrole en France devrait baisser de 34 % à horizon 2030 (source : projet de loi de transition énergétique de 2015 citée dans le doc EPPLN), ce qui, à périmètre égal, porterait les besoins de flux entrants sur Port la Nouvelle des 980.000 tonnes actuels à 647.000 tonnes en 2030. Face à cette réalité têtue, le projet qui a été présenté par la région dans le cadre de l’enquête publique prévoit une augmentation des entrées d’hydrocarbures estimées à 1,8 MT en 2030.
A Port la Nouvelle un seul opérateur intervient en matière céréalière, il s’agit d’AXEREA dont la capacité de stockage est de 76.000 tonnes. D’autres ports français interviennent sur le marché des céréales, au sud de la Loire : La Palice, Blaye et Sète. Le trafic céréalier sortant de Port la Nouvelle exporte essentiellement vers le bassin méditerranéen, (Italie, Maghreb et Egypte) des céréales produites en Languedoc Roussillon et dans le Lauragais. Le Blé dur concerne 80% de ce trafic le reste étant principalement du blé tendre et de l’orge.
D’une part les subventions européennes (nombreuses et différentes selon les exploitations) ont considérablement baissé et on peut considérer qu’elles sont passées globalement de 400 € à l’hectare à environ 200 € à l’hectare aujourd’hui. Et il est prévu que ces subventions continuent de baisser au profit de cultures plus vertueuses écologiquement. D’autre part, sur le marché international, les cours sont à la baisse et s’établissent actuellement à 220 € la tonne ce qui est insuffisamment attractif pour les agriculteurs français.
En Algérie, les achats s’orientent désormais vers le blé dur russe moins cher, Le Canada, la Russie, l’Ukraine, l’Argentine sont des pays producteurs en expansion avec des coûts de production moindres qu’en France.
Et des pays comme l’Algérie, principal acheteur de céréales françaises approche de l’autosuffisance en matière de blé dur. Enfin, tant au niveau national, qu’au niveau régional , les incitations sont multiples pour sortir de la monoculture céréalière intensive et exportatrice au profit des protéagineux et de l’agriculture maraichère bio et locale. Ces évolutions structurelles ont entrainé une chute considérable des surfaces semées qui ont baissé de plus d’un tiers dans les 5 dernières années entrainant dans leur chute, les exportations de céréales du port de Port la Nouvelle de 620.000 T en 2007 à 326.000 T en 2015. Ce mouvement de décroissance va continuer et, ici encore, les estimations futures de trafic estimées par la région, soit 1,1 MT en 2030, sont comme nous venons de le montrer totalement irréalistes.
Ces autres trafics, de tonnages beaucoup plus modestes, sont principalement en importation et s’éparpillent sur des matériaux très hétérogènes. Ils sont en provenance de pays méditerranéens et sont livrés à Port la Nouvelle par cabotage de « petits navires ».
Ils sont assez stables : 230.000 T en 2007, 290.000 T en 2015.
Le document de la région prévoit une augmentation de ces « petits » trafics qui atteindraient en 2030 un total de 2,23 MT. Ici encore la projection de cette augmentation de trafic est complètement farfelue. Aucune activité économique nouvelle clairement identifiée dans la région Occitanie ne justifie cette mirifique perspective de croissance.
Par ailleurs, comme l’ont montré les Pétroliers d’EPPLN, la structure technique actuelle du port est tout à fait adaptée à la réalité de son trafic présent et futur.
La conclusion est donc immédiate, au plan de l’activité portuaire présente et future, rien, absolument rien, ne justifie le lancement du projet pharaonique d’extension du port de Port la Nouvelle.